Soyouz | Les bâtiments d'assemblage

Les lanceurs de classe Soyouz arrivent sur leur base de lancement en pièces détachées. Des containers abritent chacun des blocs latéraux, les deux segments du Bloc A, le troisième étage (Bloc I ou Bloc E), l'éventuel quatrième étage (Bloc L, Ikar ou Fregat) et la coiffe.

Tous ces containers sont installés dans un Bâtiment d'Assemblage et d'Essais appelé MIK (Монтажно-испытательный корпус), où ils sont ensuite assemblés (on parle d'« intégration ») pour former le lanceur complet. La partie haute, qui a été préparée indépendamment, est ensuite fixée au sommet du lanceur, qui peut alors être transféré sur le pas de tir.

Il y a quatre bases dans le monde capables de lancer Soyouz : le cosmodrome de Baïkonour, le cosmodrome de Plesetsk, le cosmodrome de Vostotchnyi et le Centre Spatial Guyanais. Chacun d'eux possède un certain nombre de MIK.

Cosmodrome MIK Pas de tir associé
Plesetsk MIK-142 17P32-1
Plesetsk MIK-317/14-217P32-2
Plesetsk MIK-317/14-3 17P32-3 et 17P32-4
Baïkonour MIK-217P32-5
Baïkonour MIK-2B17P32-5
Baïkonour MIK-11217P32-5
Baïkonour MIK-4017P32-6
Centre Spatial Guyanais MIKZLS
Vostotchnyi MIK1S

1. Le MIK-142

Le MIK-142 de Plesetsk était destiné à la préparation des lanceurs pour le pas de tir n°1 (17P32-1), et il est exploité par l'unité 13973. C'était le premier MIK en service à Plesetsk, et il a cessé d'être utilisé pour la préparation des lanceurs depuis la mise hors service du pas de tir n°1, en 1989.

En 1969-1970, il reçoit les équipements pour la préparation des satellites Molnia-1 (11F67), en 1971, pour la préparation des satellites Molnia-2 (11F628), en 1973 pour les Molnia-1K (11F658) et en 1974 pour les Molnia-3 (11F637) [3].

Il fait 138m de long pour 38m de large. Le hall principal fait 130m de long par 30m de large, et sur le côté des ateliers sont disponibles, répartis sur quatre étages (plus le rez-de-chaussée).

Fig. 1.1 : Le MIK-142 alors qu'il était encore en activité.
Photos : DR, Северный космодром России.

Après la mise hors service du pas de tir n°1, le MIK-142 est toujours utilisé pour la préparation des satellites Kobalt-M et Persona. De nos jours, les lanceurs chargés de mettre ces satellites sur orbite sont donc préparés dans un autre MIK, puis ils passent par le MIK-142 pour recevoir la partie haute et, enfin, son transférés vers leur pas de tir.

Fig. 1.2 : Le MIK-142 photographié en août 2011.
Photos : DR.

Fig. 1.3 : L'intérieur du MIK-142 en août 2011.
Photos : DR.

Fig. 1.4 : Le MIK-142.
Photos : DR.

En 2012, le MIK-142 a été officiellement rebaptisé MIK-1 en prévision de son utilisation pour l'assemblage et la préparation du lanceur de nouvelle génération Angara.

Fig. 1.5 : Le MIK-1 prêt à recevoir Angara, 27 juillet 2012.
Crédit : Igor MARININE / Novosti Kosmonavtiki.

Fig. 1.6 : Le MIK-1 sous la neige, 20 février 2013.
Crédit : DR.

2. Le MIK-317/14-2

Le MIK-317/14-2 du cosmodrome de Plesetsk est destiné à l'assemblage des lanceurs pour le pas de tir n°2 (17P32-2).

Fig. 2.1 : Un lanceur Soyouz-U quitte le MIK-317/14-2, 26 juin 2011.
Crédit : DR.

Fig. 2.2 : L'intérieur du MIK-317/14-2.
Photos : DR.

3. Le MIK-317/14-3

Le MIK-317/14-3 du cosmodrome de Plesetsk est destiné à l'assemblage des lanceurs pour les deux pas de tir de la zone 43 : le pas de tir n°3 (17P32-3) et le pas de tir n°4 (17P32-4). Il est exploité par l'unité n°14056.

Fig. 3.1 : Le MIK-317/14-3 en construction.
Crédit : DR.

En 1971, il reçoit les équipements pour la préparation des satellites Molnia-1, qui n'avait lieu jusque là que dans le MIK-142 [3].

Fig. 3.2 : Un lanceur Soyouz-U sort du MIK-317/14-3.
Crédit : DR.

En 2000, un banc de préparation (KMTO) de type 14P72 a été installé par l'OKB Vympel. Il servira à la préparation des étages supérieurs Fregat (14S44), qui équiperont les lanceurs Soyouz-2.

Fig. 3.3 : Le MIK-317/14-3 et le pas de tir n°4 (à l'arrière plan), 2 octobre 2011.
Crédit : DR.

4. Le MIK-2

Le MIK-2 est historiquement le tout premier MIK dédié aux lanceurs de classe Soyouz. Sa construction dans la zone n°2 du cosmodrome de Baïkonour a débuté en juin 1955 sous la direction du capitaine BARANOV.

Ce bâtiment a servi à l'assemblage et à la préparation de tous les lanceurs de classe Soyouz destinés à décoller depuis le pas de tir n°5 (17P32-5). C'est ici qu'ont été préparés les vols historiques du premier satellite, des premières sondes interplanétaires et du premier cosmonaute, Youri GAGARINE.

Fig. 4.1 : Le MIK-2 en construction, mai 1956.
Photos : Ракетно-космический подвиг Байконура.

Fig. 4.2 : Vues du MIK-2 en activité.
Crédit : Ракетно-космический подвиг Байконура.

Fig. 4.3 : Le MIK-2 vu côté sud (à gauche) et côté nord.
Crédit : DR.

Le MIK-2 a été rejoint en 1975 par le MIK-2B construit juste à côté. A partir de ce moment, il n'a plus servi que pour les satellites militaires, sauf exception. Le vaisseau Soyouz TM-20, par exemple, en octobre 1994 a été préparé dans le MIK-2 [4].

5. Le MIK-2B

Le MIK-2B a été construit en 1965, puis a été remis en état en 1975 à l'occasion du programme de coopération américano-soviétique Apollo-Soyouz (EPAS). Situé dans la zone n°2 du cosmodrome de Baïkonour, juste à côté du MIK-2, il remplace ce dernier pour la préparation des lanceurs du pas de tir n°5.

Fig. 5.1 : Le MIK-2B (à droite), voisin du MIK-2 (à gauche).
Crédit : Ракетно-космический подвиг Байконура.

Fig. 5.2 : Le MIK-2B de Baïkonour.
Photos : Jacques VILLAIN / DR.

Le MIK-2B servait également à la préparation des vaisseaux Soyouz et Progress. Il abrite la chambre à vide SM-702 qui sert à tester l'étanchéité des engins spatiaux avant leur décollage. A la fin des années 1990, la SM-702 a été retirée du service, et a été remplacée par la chambre à vide 17T523 du MIK-254, construite à l'origine pour la navette Bourane.

Le 7 mars 1994, un incendie a eu lieu dans le MIK-2B. Il a été rapidement maîtrisé et n'a fait aucune victime et aucun dégât majeur, mais le lancement de Progress M-22 a dû être reporté. Le coût des réparations a été estimé à 1010800 roubles [2].

Le MIK-2B a à son tour passé le flambeau en 2003 au MIK-112, et il n'est plus utilisé de nos jours. En 2014, la SM-702 a été remise en service après une période de travaux. Le satellite météorologique Meteor-M n°2 est le premier à l'utiliser.

6. Le MIK-112

Le MIK-112 du cosmodrome de Baïkonour a été construit à l'origine pour le lanceur lunaire super-lourd N-1. La construction a débuté en 1964.

Fig. 6.1 : Vues aériennes du MIK-112 en 1966 (à gauche), et en 1971 (à droite).
Photos : DR.

Fig. 6.2 : Un lanceur N1 sort du MIK-112.
Crédit : DR.

Le programme lunaire soviétique est un échec, et il est abandonné en 1974 au profit du projet de navette spatiale Bourane, et de son lanceur Energuia. Etant donné les similitudes de tailles entre ces véhicules et la N-1, le MIK-112 est réutilisé.

Fig. 6.3 : Le MIK-112 utilisé dans le cadre du programme Energuia-Bourane.
Photos : buran.ru / Многоразовая космическая система "Энергия-Буран".

Fig. 6.4 : Plan du MIK-112 à l'époque d'Energuia-Bourane.
Crédit : Многоразовая космическая система "Энергия-Буран".

En 1992, le programme Energuia-Bourane est à son tour annulé, et le MIK-112 sert de dépôt pour les éléments de quatre lanceurs Energuia, ainsi que pour la navette Bourane 1.01, celle qui a volé sur orbite le 15 novembre 1988.

Le 12 mai 2002, alors qu'il est en pleine réfection, le toit du MIK-112 s'écroule. Sept ouvriers sont tués dans l'accident, et tout le matériel contenu dans le MIK est détruit, y compris Bourane 1.01.

Vidéo 1 : Vue aérienne du MIK-112 après l'effondrement du toit.
Crédit : DR.

Fig. 6.5 : Le MIK-112 après l'effondrement du toit.
Crédit : DR.

L'effondrement concerne les trois halls supérieurs. En revanche, le hall inférieur est intact. Roscosmos décide d'utiliser ce hall pour la préparation des lanceurs Soyouz qui décollent depuis le pas de tir n°5 (17P32-5). C'est le lancement de Progress M1-10 le 8 juin 2003 qui inaugure ce « nouveau » MIK. Le MIK-112 est situé à 3,4km du 17P32-5.

Fig. 6.6 : Un lanceur Soyouz-U sort du MIK-112 (26 avril 2010)
et un autre y est préparé (26 janvier 2011).
Crédit : Roscosmos.

Parallèlement à ces activités, l'un des trois grands halls dont le toit s'est effondré en 2002 est remis à neuf.

Fig. 6.7 : Le MIK-112 avec l'un de ses trois hall supérieur remis à neuf.
Crédit : DR.

D'autre part, pour la préparation des charges utiles commerciales aux standards occidentaux, la société franco-russe Starsem a fait construire par l'entreprise Clemessy plusieurs infrastructures à l'intérieur du MIK-112.

Il s'agit de l'UCIF (Upper Composite Integration Facility), du HPF (Hazardous Processing Facility) et du PPF (Payload Processing Facility).

Fig. 6.8 : Schéma des installations Starsem dans le MIK-112.
Crédit : Starsem.

Fig. 6.9 : Le HPF (à gauche) et l'UCIF (à droite).
Crédit : ESA.

Fig. 6.10 : L'entrée du hall Starsem du MIK-112, avril 2001.
Crédit : DR.

7. Le MIK-40

Le MIK-40, situé dans la zone n°31 du cosmodrome de Baïkonour, est utilisé pour l'assemblage et la préparation des lanceurs destinés au pas de tir n°6 (17P32-6). Sa construction a débuté en 1958.

Fig. 7.1 : Le MIK-40 vu de devant, avant les travaux, 14 mars 2007.
Crédit : Thierry VALLEE.

Le MIK-40 dispose de deux zones de préparations distinctes, qui permettent d'intégrer en parallèle deux lanceurs Soyouz. Il abrite également une zone dédiée à la préparation des étages supérieurs Fregat, qui sont utilisés par les lanceurs Soyouz et Zenit.

En 2010, des travaux de grande envergure ont permis la rénovation complète du MIK-40. Il n'est cependant toujours pas utilisé pour la préparation des charges utiles.

Fig. 7.2 : Les travaux de rénovation du MIK-40.
Crédit : http://mx900.gallery.ru.

Fig. 7.3 : Le MIK-40 vu de devant après les travaux, 18 avril 2012.
Crédit : RKK Energuia.

Fig. 7.4 : Le MIK-40 vu de derrière, avril 2001.
Crédit : DR.

Fig. 7.5 : L'intérieur du MIK-40 avant les travaux, novembre 2005.
Crédit : ESA.

Fig. 7.6 : L'intérieur du MIK-40 après les travaux, 6 juillet 2011.
Crédit : RKTs-Progress.

Fig. 7.7 : Plan du MIK-40.
Crédit : Starsem.

8. Le Le MIK guyanais

Le MIK du Centre Spatial Guyanais ne porte pas de nom particulier. Il a été construit en 2007-2009 et a subit une qualification opérationnelle (QO) en avril 2010, au cours de laquelle le lanceur Soyouz-ST-A n°Ш15000-001 a été assemblé.

Fig. 8.1 : Le MIK guyanais le 8 août 2008.
Crédit : Nicolas PILLET.

Fig. 8.2 : Le MIK guyanais le 12 mars 2012.
Crédit : Nicolas PILLET.

Bibliographie

[1] SEMIONOV, Y., На рубеже двух веков, 1996-2001, p. 553
[2] MARININE, I., Происшествие на Байконуре, NK n°05-1994
[3] BACHLAKOV, A., Северный космодром России, 2007
[4] NK n°20-1994 p. 9


Dernière mise à jour : 2 octobre 2021