Vostok | 12 septembre 1959

Le 6ème lanceur Vostok (8K72 n°И1-7Б) a décollé du pas de tir n°5 (17P32-5) de la zone n°1 du cosmodrome de Baïkonour le 12 septembre 1959 à 06h39'41,85" GMT.

La charge utile était constituée de la sonde lunaire Luna-2, qui a été placée sur une orbite intermédiaire à environ 300km d'altitude, puis le Bloc E (8K72E) a été mis en service pour atteindre la deuxième vitesse cosmique.

Le 13 septembre 1959, à 21h02'22,6" GMT [1], Luna-2 s'écrase sur le sol de la Lune avec une vitesse de 3,3km/s. Le point d'impact (29,1°N ; 0°E) est situé à l'Est de la Mer des Pluies. A environ 21h30 GMT, le Bloc E s'écrase lui aussi sur la Lune.

Fig. 1 : Schéma de la trajectoire de Luna-2.
Crédit : TASS.

Fig. 2 : Point d'impact de Luna-2.
Crédit : TASS.

Nota : Le communiqué TASS avait indiqué que Luna-2 s'était écrasée à 21h02'24" GMT. Cette erreur, largement reprise dans la littérature, est due au fait que Evgueni GOUBIENKO, constructeur général du SKB-567 en charge de la télémétrie, a considéré l'instant où le signal radio de Luna-2 a cessé, sans prendre en compte le décalage dû à la distance [1].

La campagne de lancement

Le lanceur Vostok (8K72 n°И1-7A) et la sonde E-1A n°6 devaient décoller le 6 septembre 1959 à 00h49 GMT, avec une fenêtre de lancement de 10" [1][2]. Mais ce jour là, la chronologie est interrompue à cause d'un circuit électrique mal connecté [2].

Une nouvelle tentative est planifiée pour le 8 septembre 1959 à 02h40'40" GMT. Les réservoirs sont remplis correctement, mais le réservoir d'oxygène liquide du Bloc A refuse de se pressuriser. Les équipes techniques finissent par arriver à ouvrir la vanne d'azote, ce qui devrait provoquer la mise sous pression du réservoir. Mais la télémesure indique que la pression n'est qu'à 40% de sa valeur nominale [2].

Il s'avère qu'un bouchon de glace s'est formé dans le tubing du capteur de pression, l'empêchant de faire une mesure correcte. Une fois le bouchon cassé, le capteur fonctionne à nouveau [2]. Toutefois, la fenêtre de lancement est dépassée, et une nouvelle tentative est programmée pour le 9 septembre 1959 à 03h40'02,6" GMT [1].

Le lanceur devra donc passer au total trois jours avec ses réservoirs pleins, ce qui n'est pas prévu à la conception [2]. Le 9 septembre, les moteurs RD-107 et RD-108 sont mis en service à leur poussée préliminaire, puis intermédiaire, mais la commande pour atteindre la poussée principale, et donc le décollage, n'est pas émise [2].

Le problème vient d'un mauvais fonctionnement du commutateur à distance DP-2 (Дистанционный Переключатель). Le lanceur est vidangé et est renvoyé à l'usine [1].

Un autre lanceur, et une autre sonde, sont donc préparés pour une nouvelle tentative programmée pour le 12 septembre 1959. La sonde avait été livrée à Baïkonour le 28 août, et le lanceur Vostok n°И1-7Б le 31 août 1959 [1]. Cette fois, la chronologie se déroule sans incident.

Nota : Selon Boris TCHERTOK, le lanceur 8K72 n°И1-7А qui n'a pas pu être lancé n'était autre que le missile 8K71 n°M1-6 reconverti, qui avait déjà échoué lors de deux tentatives, les 11 juin 1957 et 12 mars 1958 [2]. Toutefois, selon IVKINE, le missile n°M1-6 avait été converti en missile-école après la tentative ratée du 12 mars 1958 [3].

Luna-2

Il s'agit de la sixième sonde lunaire de classe E-1 (E-1A n°7). Le Bloc E a une masse sèche de 1511kg, et la sonde elle-même a une masse de 390,2kg [1].

Bibliographie

[1] POROCHKOV, V., Ракетно-космический подвиг Байконура
[2] TCHERTOK, B., Ракеты и люди, vol. 2
[3] IVKINE, V., Задача особой государственной важности, p. 1035


Dernière mise à jour : 25 octobre 2014