Soyouz-33 | Chronologie1. Lancement du vaisseau Soyouz-33Le 143ème lanceur Soyouz-U (11A511U n°Ж15000-182) décolle du pas de tir n°6 (17P32-6) de la zone n°31 du cosmodrome de Baïkonour le 10 avril 1979 à 17h34'33,944" GMT. La charge utile est constituée du vaisseau spatial Soyouz-33 (11F615A8 n°49), qui est placé avec succès sur une orbite basse (273km x 330km x 51,6°). Son équipage est constitué du commandant Nikolaï ROUKAVICHNIKOV et du cosmonaute-expérimentateur Gueorgui IVANOV. Fig. 1.1 : Décollage de Soyouz-33. Le système de rendez-vous automatique Igla est mis en service en vue d'une rencontre avec la station orbitale Saliout-6 le lendemain. Soyouz-33 réalise cinq corrections d'orbite à l'aide de son moteur SKD dans le cadre de l'approche à longue distance, et ce sans le moindre incident.
2. Tentative d'amarrageCes corrections permettent d'amener le vaisseau dans la zone d'activation du Système Embarqué de Contrôle de l'approche à Faible Distance (BSU NR). Comme prévu, le 11 avril 1979, ce système prend alors le contrôle du moteur SKD, et le système radar Igla communique avec son équivalent à bord de Saliout-6. L'équipage EO-3 de la station, constitué de Vladimir LIAKHOV et Valeri RIOUMINE, établit le contact visuel avec Soyouz-33. Lors d'un nouvel allumage du SKD, ROUKAVICHNIKOV et IVANOV entendent un bruit anormal ainsi que d'importantes vibrations, et le vaisseau perd son orientation. Le système de contrôle arrête automatiquement le moteur et des alarmes avertissent l'équipage qu'une anomalie a été détectée. Depuis Saliout-6, LIAKHOV et RIOUMINE ont pu observer le panache du SKD, et ils ont constaté qu'il était dirigé latéralement (!). Fig. 2.1 : Saliout-6 vue de Soyouz-33. Les équipes du TsUP comprennent que le SKD ne fonctionne pas de manière nominale, et les analyses montrent que le problème vient de son générateur de gaz [3]. Il est redondé par le moteur de secours DKD, mais celui-ci ne peut être allumé qu'une seule fois. Il n'est donc plus possible de tenter le rendez-vous avec Saliout-6, et le TsUP demande à l'équipage de se préparer pour le retour sur Terre anticipé avec le DKD [1][2]. 3. Retour sur TerreUn très sérieux doute apparaît en revanche sur le fonctionnement du DKD car, physiquement, il est monté autour du SKD. La défaillance du second a donc tout à fait pu endommager le premier. Une autre option consisterait à utiliser les petits moteurs DPO pour amorcer la rentrée dans l'atmosphère, mais elle n'est pas privilégiée car leur poussée est faible, ce qui donnerait un angle d'attaque leu important et donc une très forte incertitude sur le lieu de l'atterrissage (de l'ordre de plusieurs milliers de kilomètres) [1]. Toutefois, comme ils n'ont pas d'information plus précise, les balisticiens du TsUP calculent les paramètres de l'allumage du DKD en partant du principe qu'il fonctionnera normalement. La mise en service du moteur est prévue pour l'orbite 31, ce qui permettra un atterrissage lors de l'orbite 32. Les équipes du TsUP entrent à distance les paramètres de la manœuvre dans l'ordinateur de Soyouz-33 et les communiquent également à l'équipage [1]. Le moment venu, et alors que Soyouz-33 est hors de visibilité des stations de poursuite, son système de contrôle commence à exécuter les ordres qui avaient été transmis par le TsUP. Mais l'équipage constate que les actions engagées ne correspondent pas à ce qui était prévu et, quelques minutes avant l'allumage programmé du DKD, ROUKAVICHNIKOV décide d'annuler la séquence. Il entre ensuite manuellement les données que le TsUP lui avaient transmises et il oriente manuellement le vaisseau en préalable à l'allumage du DKD [1]. Fig. 3.1 : BAZHINOV et l'équipe balistique qui suit le vol de Soyouz-33. Le DKD est mis en service à l'instant prévu, le 12 avril 1979 à 15h46'49" GMT [2], mais les cosmonautes entendent un bruit anormal et ressentent que la poussée est plus faible et plus variable que d'habitude. Les cosmonautes comprennent que, comme ils le craignaient, le DKD a été endommagé par le SKD. Le système de contrôle doit mettre le moteur hors service quand l'impulsion requise est atteinte, c'est-à-dire en théorie après 187,8" de fonctionnement [2]. Mais comme la poussée est plus faible que prévu, l'impulsion n'est pas atteinte au bout des 187,8" [1]. ROUKAVICHNIKOV décide de laisser le moteur fonctionner 25" de plus, puis il l'arrête manuellement. Le fait que l'arrêt soit manuel fait automatiquement basculer la séquence sur le mode de rentrée de secours, c'est-à-dire sur le mode balistique [1][2]. Soyouz-33 va donc atterrir plusieurs centaines de kilomètres à l'ouest de la zone nominale. Et il se trouve que, par un hasard surprenant, les vingt-cinq secondes de fonctionnement supplémentaires du DKD amènent le vaisseau à atterrir dans la zone nominale, c'est-à-dire là où il se serait posé s'il avait suivi une trajectoire non balistique ! [1] Les compartiments se séparent à 16h13 GMT [2] et le SA atterrit à 16h35'40" GMT à 316km au sud-est de Dzhezkazgan après un vol de 1 jour 23 heures 1 minute 6 secondes. Bien que l'atterrissage ait lieu de nuit, les équipes de récupération rejoignent très rapidement le vaisseau [2]. Fig. 3.2 : ROUKAVICHNIKOV et IVANOV après leur récupération. Le TsUP n'a pas toutes les informations car ces évènements se déroulent alors que Soyouz-33 est en-dehors de la zone de visibilité radio. La télémesure transite donc par le navire Borovitchi stationné dans l'atlantique-sud. Tous ce que les équipes de suivi savent, c'est que le DKD a fonctionné 213", soit 25" de trop et ils en déduisent que l'atterrissage a dû avoir lieu dans la mer Caspienne ! [1] Bibliographie
[1] BAZHINOV, I., Штатно, нештатно, непредвиденно, Tekhnika Molodiozhi n°05-2009 Dernière mise à jour : 12 novembre 2023 |
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