Sergueï Konstantinovitch KRIKALIOV
Situation
actuelle Date et lieu de naissance Nationalité Sélection Temps total passé dans l'espace Temps total passé en sorties dans
l'Espace Sergueï KRIKALIOV est né à Leningrad en 1958, moins d'un an après le vol historique du premier satellite de la Terre. Son père Konstantin est ingénieur, et sa mère Nadiezhda travaille dans une école primaire. Alors qu'il va à l'école n°77, il pense déjà à son avenir.
Il obtient l'équivalent du baccalauréat en 1975, et il doit faire un choix important. En Union soviétique, il existe deux parcours pour devenir cosmonaute : pilote de chasse ou ingénieur dans le secteur spatial. Sergueï KRIKALIOV pense que le mieux est de mélanger les deux méthodes.
En 1975, KRIKALIOV entre donc à l'Université Technique Nationale de la Baltique (BGTU), mieux connu sous le nom de Voïenmekh. A côté des cours, il vole régulièrement avec le DOSAAF (l'aéroclub national d'URSS). A partir de septembre 1980, il doit réaliser son stage de fin d'études pour valider son diplôme d'ingénieur. Il a l'opportunité de choisir la NPO Energuia, la célèbre entreprise héritière de KOROLIOV qui développe les vaisseaux Soyouz et les stations orbitales DOS.
Suite à ce stage, il est embauché par la NPO Energuia le 14 septembre 1981, au département n°111. Son travail consiste à rédiger des consignes pour les cosmonautes. Mais son objectif ultime, c'est de devenir lui-même cosmonaute. Il passe donc des examens médicaux à l'IMBP, qui le déclare apte le 7 juin 1983. Cela lui ouvre la voie pour postuler lors de la prochaine sélection. En attendant, il reprend ses activités au département 111. En 1985, le Centre de Contrôle des Vols (TsUP) perd le contact radio avec la station orbitale Saliout-7, alors inhabitée. KRIKALIOV participe à l'élaboration d'un plan de réparation, et il forme les cosmonautes de la mission de sauvetage, Vladimir DZHANIBEKOV et Viktor SAVINIKH, qui décollent en juin 1985 à bord de Soyouz T-13 pour aller sauver la station. Peu après cette mission réussie, toujours en juin 1985, il est nommé chef-ingénieur, toujours au département 111 de la NPO Energuia (il maintenant appelé département 191). Il participe alors au développement des systèmes d'affichage pour le module de base de la nouvelle station Mir, qui doit être lancée l'année prochaine. Il dirige aussi un groupe d'ingénieurs qui doit rédiger les consignes pour les cosmonautes qui voleront sur la toute nouvelle version du vaisseau Soyouz, le Soyouz T (11F732). En 1985, la NPO Energuia lance sa septième sélection de cosmonautes, qui devront voler à bord de Mir. KRIKALIOV est bien sûr candidat, et le 2 septembre 1985 la Commission Principale Interministérielle (GMVK) accepte son dossier. Sergueï KRIKALIOV devient alors officiellement « candidat cosmonaute d'essais » du détachement de la NPO Energuia. De novembre 1985 à octobre 1986, il suit l'entraînement spatial général (OKP) au Centre d'Entraînement des Cosmonautes Youri Gagarine (TsPK). Le 28 novembre 1986 la MVKK le déclare officiellement « cosmonaute d'essais ». Il commence alors à s'entraîner en compagnie d'Aleksandr CHTCHOUKINE pour une mission à bord de la navette spatiale soviétique Bourane, qui devrait bientôt réaliser son premier vol non piloté. Mais le destin en décide autrement. En mars 1988, le cosmonaute Aleksandr KALIERI se prépare à voler sur la station Mir dans le cadre de la quatrième expédition principale (EO-4) mais il a des problèmes médicaux et doit être écarté de l'équipage. Le 22 mars 1988, KRIKALIOV est désigné pour le remplacer. Jean-Loup CHRETIEN, qui fait partie du voyage, écrira :
La tâche est en effet extrêmement difficile car, comme il s'entraînait sur Bourane, il n'était pas préparé à voler sur Mir. Il n'a que huit mois pour se préparer, et il s'envole finalement dans l'Espace pour la première fois en novembre 1988, à bord du vaisseau Soyouz TM-7. Il passe cinq mois en orbite et revient sur Terre en avril 1989. Le 27 avril, il est nommé Héros de l'Union soviétique. Moins d'un an s'écoule, et en juin 1990 il reçoit à nouveau une affectation : l'équipage de réserve de EO-8. Le 5 décembre 1990, trois jours après le lancement réussi de cette mission, il est assigné à l'équipage principal du vol suivant, EO-9. En mai 1991, après cinq mois d'entraînement, il décolle à bord du vaisseau Soyouz TM-12 en compagnie d'Anatoli ARTSEBARSKI et de la première cosmonaute britannique, Helen SHARMAN. Cette mission, même s'il ne le sait pas encore, fera de lui l'un des plus célèbres cosmonautes soviétiques. En effet, durant l'été 1991, l'Union soviétique commence à se disloquer. Le Kazakhstan aspire à l'indépendance et réclame un vol de courte durée sur Mir en échange du droit pour la Russie de continuer à exploiter le cosmodrome de Baïkonour. Ainsi, le cosmonaute kazakh Toktar AOUBAKIROV décolle sur Soyouz TM-13 en octobre 1991, et il redescend sur Soyouz TM-12 une semaine plus tard. Mais la place qu'AOUBAKIROV occupe sur Soyouz TM-12 était initialement prévue pour KRIKALIOV ! Le TsUP a ainsi demandé à ce dernier de rester six mois de plus que prévu dans l'Espace afin de permettre à la mission kazakhe d'avoir lieu. Il atterrit finalement en mars 1991 avec Soyouz TM-13, après une mission de 312 jours. KRIKALIOV est considéré comme le « dernier citoyen soviétique » : il a quitté la Terre depuis l'URSS, et il a atterrit dans la République du Kazakhstan. En Occident, les médias exagèrent largement la gravité de la situation, allant jusqu'à prétendre qu'il avait été « oublié dans l'Espace ». Le 11 avril 1992, le Président Boris ELTSINE le nomme Héros de la Fédération russe. Six mois après son retour sur Terre, il reçoit une affectation qui va lui faire voir de nouveaux horizons. La nouvelle Fédération russe, fraîchement créée sur les restes de l'Union soviétique, se lance dans un programme de coopération avec les Etats-Unis appelé « Shuttle-Mir », qui vise à faire venir la navette spatiale américaine sur la station Mir. La première étape sera de faire voler un cosmonaute russe à bord de la navette, et le 29 septembre 1992, KRIKALIOV est officiellement affecté à cette tâche. Il fait alors ses valises pour le Texas, et commence l'entraînement le 5 novembre 1992 au Centre Spatial Johnson de la NASA. Il décolle à bord de Discovery en février 1994, et il devient alors le premier cosmonaute russe à partir pour l'Espace dans un vaisseau étranger. Lors de la mission, il manipule le bras robot de Discovery (RMS). A son retour, il reste à la NASA pour continuer l'entraînement en tant que doublure de Vladimir TITOV, qui va lui aussi voler sur une navette américaine : Discovery STS-63. Lors de ce vol, KRIKALIOV sert d'interface entre les ingénieurs américains et le groupe de spécialistes russes présents à Houston. Il jouera encore ce rôle lors des missions STS-71, STS-74 et STS-76. Ces missions américano-russes ont pour finalité la préparation d'un programme bien plus ambitieux, celui de la Station Spatiale Internationale. Son exploitation devrait commencer à la fin des années 1990, et les équipages vont devoir être constitués. Le 30 janvier 1996, Sergueï KRIKALIOV se voit confier le poste d'ingénieur de bord du premier équipage à destination de cette nouvelle station (MKS-1). Le programme connaît de multiples reports, et cette mission inaugurale tarde à partir. D'ici là, une navette américaine va rejoindre la station inhabitée pour lui ajouter le module Unity. Un cosmonaute russe doit être nommé dans l'équipage, et le 30 juillet 1998 c'est KRIKALIOV qui est choisi. Il a moins de cinq mois pour se préparer au lancement, qui a lieu en décembre 1998.
Il passe une semaine sur la station internationale, et il est même le premier à y pénétrer. Après son retour sur Terre, il reprend l'entraînement pour la première expédition principale (MKS-1). Le 1er mars 1999 il est nommé « instructeur-cosmonaute d'essais ». Il décolle enfin en octobre 2000, près de cinq ans après la nomination de l'équipage MKS-1. KRIKALIOV réalise ainsi son cinquième vol spatial, le troisième de longue durée. Il passe plus de quatre mois en orbite et revient sur Terre en mars 2001 à bord de la navette américaine Discovery STS-102. Juste avant cette mission, en octobre 2000, il avait été affecté à l'équipage de la septième expédition (MKS-7), avec John PHILLIPS et Sergueï VOLKOV. Mais en février 2003 la navette américaine Columbia STS-107 est détruite en plein vol, et ses sept astronautes sont tués. Tous les équipages de la station internationale sont remaniés, et les navettes sont interdites de vol. En attendant qu'elles reprennent du service, les rotations d'équipage se font sur des vaisseaux Soyouz. KRIKALIOV, PHILLIPS et VOLKOV sont assignés à la première expédition qui décollera à nouveau sur une navette américaine. Mais ce retour en vol se fait attendre, et les cosmonautes sont affectés à l'expédition n°11. Sergueï VOLKOV est écarté car les équipages sont réduits à deux personnes. Pour son sixième vol, KRIKALIOV est pour la première fois au poste de commandant de bord. Il passe six mois en orbite, réalise une sortie dans l'Espace et revient sur Terre en octobre 2005. Plus tard, en mai 2006, il est affecté à l'équipage de réserve de MKS-17, ainsi qu'à l'équipage principal de MKS-19. Mais moins d'un an plus tard cette nomination est annulée. Le 5 février 2007, il est nommé vice-président de la RKK Energuia en charge des vols habités (en conservant son habilitation à voler). Mais la direction de l'entreprise change peu de temps après (LOPOTA remplace SEVASTIANOV), et KRIKALIOV n'est pas maintenu à son poste. Le Centre d'Entraînement des Cosmonautes (TsPK) est depuis sa création une institution militaire, gérée par les Forces aériennes et commandée depuis 2003 par le cosmonaute Vassili TSIBLIEV. Mais depuis quelques années, il y a une forte volonté politique de faire du TsPK une institution civile. Le 27 mars 2009, le décret n°97k de Roscosmos nomme KRIKALIOV directeur du TsPK. Un autre décret daté du même jour lui retire son statut d'instructeur-cosmonaute d'essais, il ne volera donc plus dans l'Espace. Il prend ses fonctions en juillet 2009. ![]() Fig. 3 : Portrait officiel de Sergueï KRIKALIOV en tant que directeur du TsPK. ![]() ![]() Fig. 4 : KRIKALIOV avec Valentina TERECHKOVA
Bibliographie
Interview NASA pour
la mission MKS-1
Dernière mise à jour : 31 août 2011 |
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