Le missile R-29

Apparition du R-29

Au début des années 1960, l'Etat-major soviétique réclame au Kremlin le développement d'un nouveau missile balistique naval (SLBM, Submarine Launched Ballistic Missile) afin d'accroître la portée de sa force de frappe.

Le 28 septembre 1964, le décret n°808-33 du Conseil des Ministres autorise le démarrage des travaux sur un nouveau système de missile naval : le complexe D-9. Son vecteur nucléaire prend le nom de R-29 (4K75); il devra avoir une portée de 8000km.

Fig. 1 : Trois vues (générale, éclatée, dans le tube) d'un missile R-29.

La conception du R-29 est confié au KB Machinostroïenia de MAKEÏEV. Le R-29 a une masse au décollage de 33,3t et peut emmener une charge utile de 1 100kg. Il est constitué de deux étages, a une longueur totale de 13m et un diamètre de 1,8m. Il est lancé depuis des sous-marins de classe 667B (Delta I), qui peuvent en emporter 12.

Fig. 2 : Un missile R-29.

Les premiers prototypes sont testés en Mer Noire. Sur sept tirs d'essai, un seul échec est enregistré. Puis, de mars 1969 à novembre 1971, vingt lancements sont réalisés depuis un autre polygone de tir.

La troisième phase des essais est inaugurée le 22 décembre 1971 avec le premier tir d'un R-29 depuis un sous-marin en plongée (le K-118, un bâtiment de classe Golf I modernisé pour l'occasion).

Fig. 3 : Sous-marins 667B (à gauche) et 658 (à droite).

Toute une série de tirs expérimentaux de ce type est alors entreprise. Les bâtiments utilisés sont le K-118, le K-145 (658 Hotel I, modernisé en Hotel III) et le K-279 (667B Delta I).

Finalement, le décret n°177-67 du 12 mars 1974 déclare le complexe D-9 (et son missile R-29) bon pour le service opérationnel.

Fig. 4 : Schéma du vol d'un R-29.

La version R-29R à têtes multiples

Peu de temps après l'entrée en service du R-29, les militaires soviétiques demandent à MAKEÏEV de commencer la conception d'une nouvelle version de ce missile, baptisée R-29R (4K75DU).

Le R-29R possède la capacité MIRV (Multiple Independently targetable Reentry Vehicles), c'est à dire qu'il est capable d'emporter plusieurs charges nucléaires (3 ou 7), chacune pouvant être dirigée sur une cible distincte des autres. En configuration MIRV, le R-29R a une portée de 6 500km; elle atteint 8 000km si la charge utile n'est composée que d'une charge simple.

Fig. 5 : Trois vues (générale, éclatée, dans le tube) d'un missile R-29R.

Le R-29R a une masse au décollage de 35,3t et une capacité d'emport maximale de 1 650kg. Il est long de 14,1m pour un diamètre de 1,8m. Ses deux premiers étages sont pratiquement inchangés par rapport à la version de base, mais il possède en plus un étage destiné à assurer le guidage des différentes têtes nucléaires et à larguer des leurres en cas de tentative d'interception par un système anti-missiles.

Les essais en vol du R-29R débutent en novembre 1976 à bord du sous-marin K-441 (667BDR Delta III). Ils se poursuivent jusqu'en octobre 1978. Au cours de cette période, 24 missiles sont lancés.

Fig. 6 : Un missile R-29R.

Après la mise en service du R-29R, quatorze sous-marins de classe Delta III en sont équipés. Cependant, la version emportant sept têtes nucléaires indépendantes ne sera jamais mise en service, en accord avec l'accord START-1.

La version lourde : R-29RM

En 1979, à l'époque de l'entrée en service du R-29R à capacité MIRV, l'armée soviétique confie à MAKEÏEV la réalisation d'une version encore améliorée de son missile. Celle-ci devra avoir une portée plus grande et une capacité d'emport plus importante; elle sera baptisée R-29RM (4K75RM).

Fig. 7 : Trois vues (générale, éclatée, dans le tube) d'un missile R-29RM.

Le R-29RM possède un troisième étage; sa masse est de 40,3t. Il a une portée de 8 300km et peut emporter 2 800kg de charge utile. Il a une longueur de 14,8m et un diamètre de 1,9m. Il possède évidemment la capacité MIRV (4 ou 10 têtes indépendantes). Plusieurs essais en vol sont réalisés et le R-29RM entre en service en 1986.

Le premier étage, quant à lui, est propulsé par un moteur RD-0243 du KB KhimAvtomatiki fonctionnant au N2O4/UDMH.

Fig. 8 : Un missile R-29RM.

Sept sous-marins de classe Delta IV en seront équipés; chacun d'eux peut recevoir 16 missiles. La version à dix têtes indépendantes n'a jamais été déployée, et ce dans le cadre du traité START-1 sur les armes de destruction massive.

Fig. 9 : Un missile R-29RM.

Fig. 10 : Chargement d'un R-29RM dans le tube d'un sous-marin Delta IV.

Fig. 11 : Tir d'un R-29RM.


Dernière mise à jour : 16 février 2011