Vostok | 23 septembre 1958

Le 1er lanceur Vostok (8K72 n°Б1-3) a décollé du pas de tir n°5 (17P32-5) de la zone n°1 du cosmodrome de Baïkonour le 23 septembre 1958 à 07h40'23" GMT.

La charge utile est constituée de la première sonde lunaire soviétique E-1 (E-1 n°1). Le lanceur explose à H0+93" [1] et retombe 165km du pas de tir [2].

L'enquête

Gueorgui DEGTIARENKO (OKB-1) et Mikhaïl KHITRIK (NII-885) sont les deux personnes qui ont compris les causes de l'échec. En examinant les données télémétriques du régulateur de vitesse apparente RKS (Регулирование Кажущейся Скорости), ils ont en effet remarqué que la pression dans les chambres de combustion des quatre moteurs RD-107 (8D74) des blocs latéraux oscillait à une fréquence comprise entre 9Hz et 13Hz [3].

Or, ces fréquences correspondent à l'un des modes de résonance du lanceur. Pendant le vol, l'amplitude des oscillations de pression a atteint +4,5atm. L'oscillation de pression se retrouve sur les lignes d'arrivée d'oxygène liquide de chacun des moteurs. De plus, les accéléromètres ont mesuré des vibrations longitudinales à la même fréquence [3].

Les ingénieurs de l'OKB-1 en déduisent que ces vibrations ont provoqué la rupture des lignes d'arrivée des ergols dans les turbopompes, ce qui a entraîné l'explosion du lanceur [3].

Reste à déterminer l'origine de ces vibrations. Les enregistrements des vols précédents montrent également des vibrations, mais à des amplitudes tellement faibles qu'elles n'avaient inquiété personne [3].

Etant donné les pressions politiques auxquelles sont soumises les équipes de l'OKB-1, le temps nécessaire à des études poussées du phénomène est jugé trop important. Seules quelques mesures palliatives sont jugées suffisantes pour assurer la sécurité des vols ultérieurs :

- mettre hors-service le système de synchronisation de la vidange des réservoirs SOBIS à partir de H0+85" [3][1],
- mettre hors-service le système RKS [3],
- réduire la poussée des moteurs à partir de H0+85", afin de réduire les efforts sur la structure du lanceur [3].

De plus, des attaches supplémentaires sont installées sur les lignes d'alimentation des moteurs, afin d'augmenter la rigidité de la structure, et ainsi d'augmenter la fréquence des modes de résonance [3].

Ces mesures ne seront toutefois pas suffisantes, et le lancement suivant, le 11 octobre 1958, sera également un échec.

Bibliographie

[1] POROCHKOV, V., Ракетно-космический подвиг Байконура
[2] IVKINE, V., Задача особой государственной важности
[3] TCHERTOK, B., Ракеты и люди, vol. 2, p. 243


Dernière mise à jour : 14 octobre 2014