L'Agence Spatiale Fédérale

De nos jours, les activités spatiales civiles russes sont sous la responsabilité d'une agence gouvernementale appelée Roscosmos, dont les origines remontent aussi loin que le programme spatial lui-même.

Dès le départ, les activités spatiales soviétiques ont été divisées en deux niveaux de décision. Un premier niveau gère les différentes organisations scientifiques et industrielles qui constituent ce secteur, et un deuxième niveau, politique celui-ci, prend en charge l'aspect décisionnel. Cette dichotomie a commencé dès 1946, et durera jusqu'à la dissolution de l'Union soviétique, en 1991.

1. Les fusées, une priorité nationale

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'Union soviétique s'intéresse fortement à la technologie des missiles développée par le troisième Reich. En effet, alors que la Deuxième Guerre Mondiale vient de se terminer, un nouveau conflit se profile contre les Etats-Unis. L'Union soviétique veut se doter de trois technologies dont elle ne dispose pas encore : les radars, les fusées et les bombes atomiques.

Le 13 mai 1946, le Conseil des Ministres d'Union soviétique publie un décret (n°1017-419ss) qui créé un Comité Spécial des Techniques à Réaction, rattaché directement au Conseil des Ministres, et dirigé par Gueorgui MALENKOV, un proche de Joseph STALINE.

Fig. 1.1 : MALENKOV et STALINE à la une du magazine américain Life.
Crédit : DR.

MALENKOV aura deux adjoints : Dmitri OUSTINOV, le Ministre de l'Armement, et Ivan ZOUBOVITCH, qui deviendra Ministre de l'Industrie des Télécommunications quelques semaines plus tard [1].

Dmitri OUSTINOV, bien qu'il ne soit qu'adjoint, joue un rôle de premier plan dans les décisions du Comité [2]. Le décret précise bien que ce Comité travaillera en totale indépendance, et n'aura de compte à rendre qu'au Conseil des Ministres : « Aucune institution, organisation et individu, sans autorisation spéciale du Conseil des Ministres, n'aura le droit d'interférer ou d'exiger des informations ».

Fig. 1.2 : Dmitri Fiodorovitch OUSTINOV.
Crédit : DR.

A ce moment, l'objectif est uniquement militaire, et on ne parle pas encore d'exploration spatiale. Le Comité devra coordonner les activités de trois Ministères :

- le Ministère de l'Armement, pour les munitions à ergols liquides,
- le Ministère des Machines agricoles, pour les munitions à propulsion solide,
- le Ministère de l'Industrie Aéronautique, pour les missiles de croisière.

Chaque Ministère concerné de près ou de loin par les fusées devra créer en son sein une Direction chargée de ces activités. Le Ministère de l'Armement, principal intéressé, créé sa 7ème Direction Principale pour satisfaire cette demande, et met à sa tête Sergueï VETOCHKINE.

Fig. 1.3 : Sergueï Ivanovitch VETOCHKINE.
Crédit : DR.

Un an après sa création, le 10 mai 1947, le comité est réformé par un décret (n°1454-388) du Conseil des Ministres, qui change son nom en Comité n°2. Pour le diriger, MALENKOV est remplacé par le Ministre des Forces armées, Nikolaï BOULGANINE. Le comité compte désormais onze membres en tout.

Parmi les nouveaux arrivants, on remarque Mikhaïl KHROUNITCHEV, le Ministre de l'Industrie Aéronautique [3]. D'autre part, Dmitri OUSTINOV occupe maintenant le poste de Premier adjoint.

Fig. 1.4 : BOULGANINE et STALINE, sur la tribune du Mausolée de LENINE, le 1er mai 1946.
Crédit : DR.

Ni MALENKOV, ni BOULGANINE n'ont joué un rôle particulier dans la création de notre industrie. Leur rôle principal se limitait à regarder de loin ou à signer des projets de décrets que le Comité préparait avec l'aide d'OUSTINOV, de YAKOVLEV et des Constructeurs Principaux, voire même à leur initiative.

Dès le départ, OUSTINOV et VETOCHKINE (...) ont porté une attention particulière aux fusées, et ont même montré un grand enthousiasme, ce qui était inhabituel pour des dirigeants.

Boris TCHERTOK
Ракеты и люди, Tome 2
traduction Nicolas PILLET.

Mais le secteur des fusées ne tarde pas à être réorganisé. Avec un décret (n°3656-1520) publié le 28 août 1949, le Conseil des Ministres dissout le Comité n°2 et demande la création, pour le remplacer, d'une Direction des Armes à Réaction au sein du Ministère des Forces armées, dirigée par le major-général N.N. KOUZNIETSOV, ainsi que de trois autres Directions, respectivement au sein :

    - de la Marine Nationale (VMF), dirigée par le contre-amiral A.G. BREZINSKI,
    - des Forces aériennes (VVS), dirigée par le major-général A.I. KALININE,
    - de la Direction Principale de l'Artillerie (GAU), dirigée par le major-général A.I. SOKOLOV.

Fig. 1.5 : Le major-général Nikolaï N. KOUZNIETSOV.
Crédit : DR.

La création de ces nouvelles organisations est confirmée par un décret (n°00140) du Ministère des Forces armées, publié dès le 30 août 1949. La responsabilité du développement des fusées est donc rétrogradée, puisqu'elle passe du contrôle direct du Conseil des Ministres, et donc de STALINE, à celui du Ministère des Forces armées.

2. Le secteur des fusées après la mort de STALINE

Le Président du Conseil des Ministres, Joseph STALINE, décède quatre ans plus tard, le 5 mars 1953. Il est remplacé par Gueorgui MALENKOV, qui met moins de deux semaines après sa prise de fonction pour ramener les fusées sous sa responsabilité directe.

Le premier changement consécutif à la mort de STALINE intervient dès le 15 mars 1953, quand le Soviet Suprême d'Union soviétique transforme le Ministère de l'Armement d'OUSTINOV en un Ministère de l'Industrie de Défense, ou MOP (Министерство оборонной промышленности). Il aura notamment en charge la supervision des activités liées aux fusées, et Dmitri OUSTINOV en garde la direction.

Fig. 2.1 : Lavrenti Pavlovitch BERIA.
Crédit : DR.

Le lendemain, c'est à dire le 16 mars 1953, le Conseil des Ministres publie un décret (n°697-355) qui créé un nouveau Comité Spécial pour les activités spéciales, à savoir les bombes atomiques, la défense anti-missiles et les fusées.

Cette décision marque un retour en arrière, puisque le contrôle des fusées revient au niveau du Conseil des Ministres, alors qu'il avait été délégué au Ministère des Forces armées en 1949. C'est Lavrenti BERIA en personne qui prend la tête du Comité.

Mais cette nouvelle organisation aura une existence éphémère. Le 26 juin 1953, soit moins de trois mois après la création du Comité, BERIA est arrêté [5] et, le même jour, un nouveau Ministère, appelé Ministère des Machines Moyennes, ou MSM (Министерство среднего машиностроения), est créé par décret du Soviet suprême d'Union soviétique.

Le principal rôle du MSM, tel que défini par le décret (n°2006-822) du 29 juillet 1953, sera de coordonner les travaux sur les armes nucléaires. C'est Viatcheslav MALYCHEV, un politicien avec une grande expérience du nucléaire, mais aucune en matière de fusées, qui est placé à sa tête.

Fig. 2.2 : Viatcheslav Aleksandrovitch MALYCHEV.
Crédit : DR.

Dans le domaine des fusées, le MSM joue un rôle un peu particulier, puisqu'il va assurer les responsabilités de coordination jusque là dévolues au Comité Spécial de BERIA. C'est, en quelque sorte, un Ministère pour superviser les autres Ministères.

L'affectation des fusées au MSM, un Ministère avant tout dédié à l'atome, montre une baisse significative de la priorisation que le nouveau gouvernement soviétique leur donne.

Le 7 septembre 1953, Nikita KHROUCHTCHEV est nommé au poste de Premier Secrétaire du Comité central du Parti communiste, et devient ainsi le nouveau n°1 soviétique.

MALYCHEV reste en poste au MSM durant deux années, puis il est remplacé par Avraami ZAVENIAGUINE le 28 février 1955. Il retrouve ainsi une certaine neutralité qui va lui permettre de prendre position de manière assez ferme.

Dans une lettre adressée à KHROUCHTCHEV le 1er mars 1955, le Ministre adjoint du MSM, Boris VANNIKOV, constate que les multiples instituts de recherche et usines de production qui travaillent sur les fusées sont répartis au sein de deux Ministères distincts, à savoir le Ministère de l'Industrie Aéronautique (MAP) et le MOP.

Fig. 2.3 : Boris Lvovitch VANNIKOV.
Crédit : MGTU Baoumann.

Or, ces Ministères n'ont pas les ressources nécessaires pour s'occuper simultanément de leurs activités principales et des fusées qui, par conséquent, sont reléguées « au second plan », selon VANNIKOV.

Pour remédier à ce problème, il suggère la création d'un nouveau Ministère dédié spécialement aux fusées.

Le 7 mars 1955, c'est au tour de MALYCHEV et de plusieurs autres responsables politiques de constater, dans une lettre adressée au Praesidium du Comité central du Parti communiste, que le MSM n'a pas l'autorité nécessaire pour coordonner les autres Ministères.

Selon eux, il serait donc souhaitable de recréer un comité pour coordonner les activités sur les fusées à la place du MSM, d'une part, et de rassembler toutes les organisations impliquées dans le développement des fusées au sein d'un seul et même Ministère, d'autre part.

La forme actuelle de direction, de coordination et de planification, qui repose sur le Ministère des Machines Moyennes (MSM, NdT), présente l'inconvénient majeur que l'autorité et la capacité du MSM sont insuffisantes pour diriger un travail aussi difficile et volumineux, ce qui créé beaucoup de difficultés dans la relation qu'entretient le MSM avec le Gosplan et les autres ministères.

Viatcheslav MALYCHEV
traduction Nicolas PILLET.

Ces propositions seront entendues. Dès le 14 avril 1955, un décret (n°720-435) créé un Comité Spécial sur les fusées et armes à réactions, qui prend le relais du MSM pour gérer le développement des fusées au niveau gouvernemental. C'est le Ministre adjoint du MSM, Vassili RIABIKOV, qui est placé à sa tête [4].

Fig. 2.4 : Vassili Mikhaïlovitch RIABIKOV.
Crédit : DR.

Le décret définit les rôles des différents Ministères qui devront obéir au Comité Spécial, et il rassemble toutes les activités liées aux missiles balistiques dans le Ministère de l'Industrie de Défense (MOP).

3. Les grandes réformes de 1957

L'année 1957 marque un tournant dans l'Histoire des fusées soviétiques, avec les premiers tirs du premier missile balistique de l'Histoire, le R-7 (8K71). Le 4 octobre, l'un de ces missiles est utilisé pour placer sur orbite le premier satellite artificiel de la Terre.

Fig. 3.1 : Préparation d'un missile R-7 sur le cosmodrome de Baïkonour.
Crédit : DR.

C'est aussi en 1957 que KHROUCHTCHEV lance ses grandes réformes de l'économie soviétique, qui voient notamment la création des Conseils de l'Economie Nationale, ou Sovnarkhozes, visant à favoriser la décentralisation de l'économie.

Le 6 décembre 1957, le Comité central du Parti communiste et le Conseil des Ministres publient un décret (n°1350-639) qui réorganise complètement le secteur des fusées autour des Sovnarkhozes.

Le décret remplace le MOP par un Comité National du Conseil des Ministres pour les Techniques de Défense, ou GKOT (Государственный комитет СМ СССР по оборонной технике), qui devra superviser l'ensemble de l'industrie de Défense soviétique. Sa septième Direction, dirigée par Lev GRICHINE, s'occupera du secteur des fusées et des missiles balistiques.

Fig. 3.2 : Lancement du premier satellite artificiel de la Terre, le 4 octobre 1957.
Crédit : DR.

D'autre part, pour remplacer le Comité Spécial de 1955, le décret crée une Commission du Praesidium du Conseil des Ministres d'URSS pour les questions militaro-industrielles, souvent appelée Commission Militaro-industrielle, ou VPK (Комиссия по военно-промышленным вопросам при Президиуме Совета министров СССР). Elle sera dirigé par l'un des Présidents adjoints du Conseil des Ministres.

Pour remplir ce rôle, le Conseil des Ministres choisit l'un des hommes les plus expérimentés en la matière : Dmitri OUSTINOV, qui se voit donc promu. Le GKOT, quant à lui, sera dirigé par Aleksandr DOMRATCHIOV, qui était jusque là le Premier adjoint du MOP.

Il ne reste toutefois que très brièvement en poste, et il est remplacé dès le 31 mars 1958 par son adjoint, Konstantin ROUDNEV. C'est sous sa direction qu'aura lieu le premier vol d'un Homme dans l'Espace, le 12 avril 1961. Ensuite, le 10 juin 1961, ROUDNEV cède la place à Leonid SMIRNOV.

Fig. 3.3 : Konstantin ROUDNEV avec les cosmonautes
Valentina TERECHKOVA et Valeri BIKOVSKI.
Crédit : DR.

Le 13 mars 1963, l'Union soviétique se dote d'une nouvelle institution, le Conseil Suprême de l'Economie Nationale (VSNKh), qui supervisera l'ensemble de l'économie du pays. Son Président n'est autre que Dmitri OUSTINOV.

A partir de ce jour, le GKOT est directement rattaché au Conseil Suprême. Il sera maintenant dirigé par Sergueï ZVEREV, qui prend la place de SMIRNOV qui, quant à lui succède à OUSTINOV à la tête de la VPK.

Fig. 3.4 : DOMRATCHIOV, ROUDNEV, SMIRNOV et ZVEREV, les quatre Présidents du GKOT.
Crédit : DR.

4. Création du « Ministère de l'Espace »

Le début des années 1960 a vu l'apparition de multiples projets spatiaux aux vocations aussi bien militaires que scientifiques. Comme ils sont, par définition, basés sur l'utilisation de fusées, ils se sont retrouvés sous la responsabilité du GKOT.

Mais le GKOT a avant tout vocation à superviser le secteur de la Défense. Le spatial, qui n'était à l'origine qu'un sous-produit marginal des fusées militaires, placé sous la responsabilité de la 7ème Direction Principale du GKOT, est progressivement devenu un secteur d'activité à part entière. Aux Etats-Unis, le Gouvernement américain a créé dès 1958 une Administration Nationale de l'Air et de l'Espace, ou NASA (National Aeronautics and Space Administration), pour superviser toute l'industrie spatiale.

Le 14 octobre 1964, Nikita KHROUCHTCHEV est limogé. Son remplaçant, Leonid BREZHNEV, décide d'en finir avec les Sovnarkhozes, et de revenir au système précédent, basé sur des Ministères.

Fig. 4.1 : Nikita KHROUCHTCHEV et Leonid BREZHNEV.
Crédit : DR.

Le Comité central du Parti communiste et le Conseil des Ministres publient, le 2 mars 1965, un décret (n°126-47) qui dissout le GKOT. Celui-ci redevient le Ministère de l'Industrie de Défense (MOP) qu'il était auparavant, mais sa branche spatiale, la 7ème Direction, en est séparée, et devient un Ministère indépendant.

C'est donc ce 2 mars 1965 que naît la première organisation gouvernementale soviétique dédiée spécifiquement à la gestion du programme spatial. Baptisé pudiquement Ministère des Machines Générales, ou MOM (Министерство общего машиностроения) [7], il est dirigé par Sergueï AFANASSIEV.

Fig. 4.2 : Sergueï Aleksandrovitch AFANASSIEV.
Crédit : RGANTD.

Huit années après le lancement du premier satellite, l'Union soviétique est enfin dotée d'une organisation claire et stable pour diriger sa gigantesque industrie spatiale. Le binôme constitué de la VPK (décisions politiques) et du MOM (organisation de l'industrie) fonctionnera jusqu'à la dissolution de l'URSS.

Leonid SMIRNOV (VPK) et Serguei AFANASSIEV (MOM) restent en poste pendant environ quinze ans, ce qui fera d'eux les personnages politiques les plus influents de l'Histoire spatiale soviétique.

Fig. 4.3 : Le Ministère des Machines Générales (MOM), place Miouss à Moscou.
Crédit : Nicolas PILLET.

SMIRNOV est remplacé en 1985 par MASLIOUKOV, puis en 1988 par BELOUSSOV. AFANASSIEV, pour sa part, est remplacé en 1983 par BAKLANOV, puis en 1988 par DOGOUZHIEV, et en 1989 par CHICHKINE.

5. La Fédération de Russie

Le MOM est dissous suite à un décret du 14 novembre 1991, et l'Union soviétique est elle-même officiellement dissoute le 26 décembre 1991.

Un décret (n°185) du Président de la Fédération de Russie, publié le 25 février 1992, créé une nouvelle organisation pour remplacer le MOM : l'Agence Spatiale Russe, ou RKA (Российское космическое агентство). Le Président Boris ELTSINE choisit de nommer Youri KOPTIEV, l'ancien adjoint du MOM, à la tête de la RKA.

Fig. 5.1 : Youri KOPTIEV.
Crédit : DR.

De toutes les organisations spatiales russes, seules quatre sont rattachées à la RKA (le TsNIIMach, le NII TP, le NII KhimMach et Agat) suite à un décret (n°233) du 9 avril 1992. trente-huit entreprises supplémentaires sont rattachées à la RKA suite à un décret (n°866) du 25 juillet 1994.

Par un décret (n°54) du 20 janvier 1998, le Président ELTSINE demande le rattachement à la RKA de toutes les entreprises spatiales. Ce sont donc 59 entreprises qui passent sous le giron de la RKA par un décret du Gouvernement russe (n°440) du 12 mai 1998.

Fig. 5.2 : Organigramme de la RKA.
Crédit : Aviatsia i Kosmonavtika n°03/04-1994.

Fig. 5.3 : Le logo de la RKA.
Crédit : Roscosmos

En 1999, le Gouvernement russe décide de rassembler les industries spatiale et aéronautique dans une seule organisation. Selon le maréchal Evgueni CHAPOCHNIKOV, alors conseiller du Président ELTSINE pour les questions de Défense, « l'Espace provient de l'aviation et, dans le monde entier, ces secteurs sont réunis dans une structure unique. » [6]

Ainsi, le décret (n°651) du 25 mai 1999 créé l'Agence Russe de l'Aéronautique et de l'Espace, ou RAKA (Российское авиационно-космическое агентство), également appelée Rosaviacosmos.

Fig. 5.4 : L'Agence spatiale russe, au 42 rue Chtchiopkina, à Moscou.
Crédit : Nicolas PILLET.

Un mois plus tard, le 22 juin 1999, un décret (n°665) recrée un organisme gouvernemental pour superviser les activités de Défense, la Commission pour les questions Militaro-industrielles du Gouvernement de la Fédération de Russie, qui prend la succession de la VPK, huit ans après sa dissolution. Elle est dirigée par le Premier Ministre, Sergueï STEPACHINE, et le directeur de Rosaviacosmos, Youri KOPTIEV, siège parmi les membres de la Commission.

6. Création de Roscosmos

Le décret (n°314) du 9 mars 2004 transforme Rosaviacosmos en Agence Spatiale Fédérale, ou FKA (Федеральное космическое агентство), également appelée Roscosmos. Elle dépendra du Ministère de l'Industrie et de l'Energie. Les activités aéronautiques, en revanche, redeviennent indépendantes du secteur spatial et sont rattachées à l'Agence Fédérale de l'Industrie.

Le colonel-général Anatoli PERMINOV, qui commandait jusque là les Forces Spatiales de Russie, est nommé à la tête de Roscosmos le 12 mars 2004.

Fig. 6.1 : Anatoli Nikolaïevitch PERMINOV.
Crédit : DR.

Par un décret (n°231) du Président POUTINE du 20 mars 2006, la Commission pour les questions Militaro-industrielles redevient le Commission Militaro-industrielle (VPK). C'est le Président adjoint du Gouvernement, Sergueï IVANOV, qui la dirigera. Par ailleurs, le directeur de Roscosmos y possède un siège permanent.

Fig. 6.2 : Le logo de Roscosmos.
Crédit : Roscosmos.

Le 29 avril 2011, le colonel-général Vladimir POPOVKINE, premier adjoint du Ministre de la Défense, est nommé à la tête de Roscosmos pour remplacer Anatoli PERMINOV.

Le 17 janvier 2012, le Président adjoint du Gouvernement, Dmitri ROGOZINE, est nommé à la tête de la VPK. Le programme spatial russe traverse une grave crise, avec des échecs à répétition (notamment celui de la sonde Fobos-Grount), et ROGOZINE est chargé de réformer en profondeur le secteur spatial.

Pour des raisons de santé, POPOVKINE doit quitter son poste de directeur de Roscosmos dès 2013. Il est remplacé par le général Oleg OSTAPIENKO, qui commandait jusque là la Défense de l'Air et de l'Espace (VKO), le 10 octobre 2013.

Fig. 6.3 : Dmitri ROGOZINE (au centre) annonce la passation
entre POPOVKINE (à droite) et OSTAPIENKO.
Crédit : DR.

Avec le décret (n°627) du 10 septembre 2014 signé par Vladimir POUTINE, la VPK passe sous le contrôle direct du Président de la Fédération de Russie. Dmitri ROGOZINE n'occupe plus que le poste de directeur adjoint.

Fig. 6.4 : Organigramme de Roscosmos.
Crédit : Roscosmos.

Frise chronologique

Notes et bibliographie

[1] Les six autres membres du Comité sont N.D. YAKOVLEV, P.I. KIRPITCHNIKOV, A.I. BERG, P.N. GOREMYKINE, I.A. SEROV et N.E. NOSSOVSKI.
[2] TCHERTOK, B., Ракеты и люди, Tome 2. TCHERTOK va jusqu'à dire que OUSTINOV est « le plus entreprenant » des Ministres.
[3] Les membres du Comité n°2 sont : N.A. BOULGANINE, D.F. OUSTINOV (premier adjoint), I.G. ZOUBOVITCH (adjoint), N.D. YAKOVLEV, M.V. KHROUNITCHEV, P.N. GOREMYKINE, P.I. PARCHINE, I.G. KABANOV, I.A. SEROV, G.V. ALEKSENKO et P.I. KIRPITCHNIKOV.
[4] Les autres membres du Comité sont G.A. TITOV (premier adjoint), A.K. REPINE et A.N. CHTCHOUKINE (adjoints), G.N. PACHKOV, V.V. ILLIOUVIYEV, P.I. KALINOUCHKINE et B.A. KIYASSOV.
[5] Il sera exécuté le 23 décembre 1953.
[6] РКА будет преобразовано в Государственный авиакосмический комитет, NK n°06-1999
[7] Le nom de Ministère des Machines Générales (MOM) avait déjà été utilisé pour deux autres Ministères dans le passé, sans lien avec les fusées (1939-1941 et 1955-1957).


Dernière mise à jour : 4 janvier 2015